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La fumée des intenses feux de forêt en Amazonie et dans d’autres régions se répand au Brésil, et même au-delà des frontières du pays. Près de cinq millions de kilomètres carrés ont été atteints par la fumée au Brésil, soit environ 60 % du territoire, selon les estimations de Karla Longo, chercheuse à l’Institut national de recherches spatiales (INPE, pour Instituto Nacional de Pesquisas Espaciais, en portugais), à partir d’images satellite.
Les autorités argentines et uruguayennes ont fait état de la présence de cette fumée dans plusieurs de leurs régions. « Si l’on prend en compte les zones touchées dans les pays voisins et dans l’océan Atlantique, la superficie atteinte dimanche était de l’ordre de dix millions de kilomètres carrés », a précisé Mme Longo dans un courriel envoyé lundi 9 septembre à l’Agence France-Presse (AFP).
Dans le sud-est du Brésil, Sao Paulo, plus grande ville d’Amérique latine, a été lundi à plusieurs reprises en tête du classement des grandes métropoles les plus polluées du monde, selon la société de surveillance de la qualité de l’air IQAir. Le taux de particules fines (PM2,5) a atteint 69 microgrammes par mètre cube, soit près de quatorze fois plus que la limite recommandée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
« L’air est très sec, très pollué. On respire à peine, c’est suffocant », déplore Ieda Bandeira, pâtissière de 76 ans, qui dit « boire beaucoup d’eau et mettre des vêtements mouillés aux fenêtres » pour atténuer la sécheresse.
La situation est également préoccupante à Rio de Janeiro, où le taux de particules fines s’élève à 26 microgrammes par mètre cube, plus de cinq fois le seuil de l’OMS.
Dans de nombreuses villes brésiliennes, les autorités sanitaires font état d’une forte augmentation des cas de personnes souffrant de problèmes respiratoires, crises d’asthme, pneumonies ou sinusites.
« Tous les jours, dans l’après-midi, le soleil devient orange et le ciel est très sombre à cause de la fumée », décrit Jaqueline Almeida, 23 ans, habitante de Sao Paulo.
Ces incendies, pour la plupart d’origine criminelle, selon les autorités, et souvent liés à l’activité agricole, se propagent plus facilement en raison d’une sécheresse historique causée notamment par le réchauffement climatique, d’après les experts.
Des images d’un satellite de l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (ou NOAA, pour National Oceanic and Atmospheric Administration, en anglais) montraient clairement lundi un épais nuage de fumée grise longeant la cordillère des Andes vers le sud du continent. Ce phénomène est dû au « vent qui canalise la fumée vers le sud », explique à l’AFP la météorologiste Estael Sias, de la société de prévisions Metsul.
Habituellement, cela favorise la formation de « rivières volantes » qui charrient l’humidité de l’Amazonie vers le sud. Mais en raison de la sécheresse prolongée et des incendies, au lieu des précipitations, « la trajectoire du vent transporte de la fumée dans plusieurs régions du Brésil ».
« L’air est déjà de mauvaise qualité à cause de la sécheresse, mais la fumée aggrave la situation en apportant des nanoparticules de suie », ajoute cette spécialiste.
Selon les données de l’INPE, le nombre de foyers d’incendies en Amazonie depuis le début de l’année a presque doublé par rapport à la même époque de 2023. D’autres régions du Brésil sont en proie à des feux de végétation dévastateurs ces derniers jours, notamment dans le parc national de la Chapada dos Veadeiros, à environ 250 kilomètres au nord de Brasilia, où plus de 10 000 hectares sont partis en fumée.
Autre phénomène lié à la fumée des incendies : dans de nombreuses régions du Brésil, le coucher de soleil a pris des teintes rouge orangé. « Au moment du coucher du soleil, les rayons traversent des nanoparticules invisibles à l’œil nu qui leur donnent ce ton rouge orangé », explique Estael Sias. Selon elle, la fumée ne devrait pas s’estomper « sans des précipitations régulières », qui ne sont pas attendues « avant octobre ou novembre ».
Le Monde avec AFP
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